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Forêt de Saint-Germain - 19 Septembre 2020

Sortie botanique - Porte d’Hennemont

Botanique

Liste des plantes.

Une dizaine de personnes réunies Porte d’Hennemont. (Le parcours suivi est indiqué sur le fichier joint Liste des plantes.)

Le long de la lisière sud une abondance d’Astragale à feuilles de réglisse (Astragalus glycyphyllos) retient notre attention avec ses grandes feuilles et se fruits dressés.

Nous longeons une parcelle en régénération puis entrons dans la forêt.

Un arbre au tronc creusé de stries longitudinales, aux longues feuilles lancéolées dentées et aux curieux petits bourgeons ronds et noirs est certainement planté : probablement Zelkova serrata (Orme du japon, Ulmacées).
Nous verrons l’ensemble des arbres « classiques » dans nos forêts : les trois érables (plane, sycomore, champêtre) ; les deux chênes : sessile et pédonculé dont un beau spécimen est mis en valeur par un panneau de l’ONF.
[Information apportée par Etienne : la circonférence du tronc à 1,30m de hauteur donne l’âge du chêne].
Ensuite sont présents charmes, frênes, peupliers trembles, et enfin les beaux hêtres. Parmi les fruitiers de nombreux merisiers et un grand alisier torminal (Sorbus torminalis).

Signalons parmi les arbustes, le fusain européen avec ses « bonnets d’évêque », l’aubépine à deux styles… et deux noyaux) (Crataegus laevigata), et le cornouiller mâle (Cornus mas) dont nous goûtons les cornouilles acides.

Parmi les herbacées abondent l’armoise commune, la grande bardane, les érigérons et solidages du Canada, l’odontite rouge (Odontites vernus subsp. serotinus).
Nous trouvons les traces d’enveloppes de fruits de monocotylédone, à l’emplacement connu de l’Ornithogale des Pyrénées (Loncomelos pyrenaicus) rare dans cette forêt. Il faudra observer son retour et son évolution au printemps prochain.

La présence de nombreux troncs abattus par l’ONF permet à Etienne d’expliquer la décomposition du bois : la pourriture blanche détruit la lignine, restent les fibres blanchâtres de cellulose ; la pourriture brune détruit la cellulose, il reste des cubes bruns de lignine.

A la fin de la balade nous revoyons les Zelkovas, plantés le long de l’emprise de l’A14 souterraine. Dans cette large allée herbeuse nous trouvons la Callune (Calluna vulgaris), rare dans cette forêt et la petite centaurée (Centaurium erythraea) qui n’est pas proche du bleuet mais appartient aux Gentianacées !
Au bord de la mare asséchée quelques Bidens frondosa et des saules témoignent de l’humidité encore présente

Mycologie

Liste des champignons.

Comme la semaine précédente lors de la sortie à l’Etang de la Tour, les mycologues étaient aussi de sortie. D’abord parce qu’il ne faut pas être sectaire : les jolies fleurs valent toujours le détour. Et c’est tout de même satisfaisant de savoir mettre un nom sur une plante, une fleur, un arbre, quand on se promène en forêt.
Comme les semaines précédentes, peu d’espoir de voir autre chose qu’arbres et fleurs, car toujours pas une goutte de pluie en vue. Les sols de la forêt sont très secs, et particulièrement dans cette forêt moins humide que la forêt de Marly. On voit malheureusement que les arbres souffrent : ils perdent leurs feuilles bien trop tôt, certains hêtres sont déjà complètement nus !

Les premières centaines de mètres sont donc entièrement consacrés à la botanique le long des chemins : armoise commune, grande bardane, tanaisie, clématite, prunelier, morelle, etc. Le professeur (Marie-Lou) est passionnant et transmet ses connaissances de manière très didactique. Un régal. Mais bien vite, comme Jack London l’écrivit en son temps, on ressent l’appel de la forêt, et du champignon. Nous prenons donc quelques fois un peu d’avance sur le groupe des botanistes et en profitons pour arpenter les sous-bois, en revenant montrer nos découvertes et reprendre le fil de l’exposé botanique. Voila un exemple réussi de fertilisation croisée entre naturalistes, où chacun apprend de l’autre, au profit unique de la nature. Cette complémentarité semble d’ailleurs favorisée par la nature elle-même. En effet, c’est à l’étape numéro 4 de notre périple (Etoile de Beaumont - Route des Dames de Mignaux jusqu’à l’emprise A 14) que nous trouvons le plus de champignons, et presque le moins de plantes !

Au final, 18 espèces ont été recensées. Aucune rareté dans la récolte de ce jour, mais quelques pièces gustativement intéressantes :

  • Fistulina hepatica (Langue de boeuf) : sur un tronc de chêne coupé par les bucherons. En forme de boule, rose orangée, une forme et une couleur inattendues qui font réagir la troupe. On s’arrête donc pour goûter ce champignon comestible jeune, un peu acidulé et rafraichissant. Avouons que le goût n’est pas transcendant, mais l’expérience est intéressante et marquera les esprits.
  • Russula lepida (Russule jolie) : sous les hêtres, une deuxième rencontre gustative. Cette russule, quasiment toute blanche ici alors que le type est rouge, en forme d’étoile car le chapeau s’est craquelé sous la sécheresse, étonnera quelques gouteurs téméraires : sous la langue, un petit morceau (qu’on recrachera) dévoile un goût léger, mais bien présent, de menthe. Pas suffisant pour un mojito, mais bien assez pour surprendre. Cette espèce n’est pas toxique mais n’est pas considérée comestible non plus.
  • Russula virescens (Russule verdoyante ou palomet). Cette couleur verte, ou plutôt verdâtre, n’est pas très engageante. Et pourtant, c’est un excellent comestible, au goût de noisette. C’est l’occasion de citer la monographie écrite par Jérôme Maffert, éminent mycologue de l’ANY, sur les origines du nom vernaculaire "Palomet", attribué à cette russule.
  • Neoboletus erythropus (Bolet à pied rouge). D’un aspect assez peu engageant, en raison de ses pores rouges (à maturité) et un pied qui l’est tout autant, le bolet à pied rouge est souvent écarté de la récolte par les cueilleurs inexpérimentés. Erreur ! C’est en effet un excellent comestible. Il faudra cependant prendre un grand soin à la cuisson, car aussi bon fut-il cuit, il est toxique cru (et encore toxique mal cuit).
  • Coprinopsis atramentaria (Coprin noir d’encre) : un coprin comestible jeune, MAIS sans alcool, et pour au moins 72 heures ! En effet, ce coprin contient un inhibiteur d’une enzime entrant dans la décomposition de l’alcool. On trouvera plus de détail ici. Pour ce qui nous concerne, nous n’avons pas encore tenté l’expérience...

Ces deux derniers champignons nous confirment qu’il est indispensable de bien les connaître pour qui veut en manger. Les connaitre pour ne ramasser que les comestibles et écarter d’office toxiques (crus et cuits) et mortels, évidemment, mais les connaître également pour les apprêter correctement et éviter toute déconvenue.

(Photos de Marie-Louise Dussar, Etienne Varney, Frédéric Della Giusta)

info portfolio

1 - Sortie botanique : une transmission du savoir 2 - Astragalus glycyphyllos 3 - Astragalus glycyphyllos, fruits 4 - Parcelle en régénération 5 - Zelkova serrata - Zelkova du Japon - tronc 6 - Zelkova serrata - Zelkova du Japon - feuilles 7 - Chêne mort mais toujours majestueux 8 - Quercus robur - Chêne pédonculé 9 - Quercus petrae - Chêne rouvre 10 - Prunus domestica - prunier 11 - Crataegus laevigata - Aubépine à deux styles 12 - Crataegus laevigata, feuille 13 - cornouilles, fruits de Cornus mas 14 - Loncomelos pyrenaicus - Ornithogale des Pyrénées 15 - Loncomelos pyrenaicus - Ornithogale des Pyrénées 16 - Loncomelos pyrenaicus - Ornithogale des Pyrénées 17 - Loncomelos pyrenaicus, lierre en arrière plan 18 - Stachys sylvatica - Épiaire des bois 19 - Torilis japonica - Torilis du Japon 20 - Hypericum hirsutum - Millepertuis hérissé 21 - Arctium lappa - Grande bardane 22 - Calluna vulgaris - Callune 23 - Echium vulgare - Vipérine commune 24 - Solidago canadensis - Solidage du Canada 25 - Stellaria palustris - Stellaire des marais 26 - Bidens frondosa - Bident feuillu 27 - Bidens frondosa - Bident feuillu 28 - Bidens frondosa - Bident feuillu 29 - Abortiporus biennis - Polypore bisannuel 30 - Abortiporus biennis - Polypore bisannuel 31 - Lacrymaria lacrymabunda - Psathyrelle veloutée 32 - Inocybe maculata - Inocybe maculé 33 - Fistulina hepatica - Langue de boeuf - juvénile 34 - Oudemansiella radicata - Collybie radicante 35 - Boletus radicans - Bolet radicant 36 - Russula lepida - Russule jolie 37 - Boletus erythropus - Bolet à pied rouge 38 - Coprinopsis atramentaria - Coprin noir d'encre 39 - Lactarius zonarius, sec ! 40 - Boletus luridus - Bolet blafard 41 - Agaricus xanthodermus - Agaric jaunissant 42 - Leccinellum crocipodium - Bolet craquelé 43 - Leccinellum crocipodium - chair d'abord rossisante à la coupe 44 - Leccinellum crocipodium - puis chair noircissante après quelques minutes

titre documents joints