par Frédéric Della Giusta
Malgré une saison mycologique qui s’achève, 30 personnes se sont réunies à Morainvilliers en ce jour de commémoration de la Grande Guerre, pour une sortie en forêt départementale des Grands Bois. Le rendez-vous est donné sur le parking de la mairie qui donne directement sur le Grand Bois, disons, à un jet de pierre, pas plus. Et tandis que la fanfare communale se rassemble et commence à répéter ses accords en vue de la cérémonie d’hommage, nous dédions une pensée à la mémoire de nos vaillants aïeux.
La troupe est commandée ce jour par Yves, secondé par Etienne, Emmanuel et votre serviteur.
Pendant l’appel, un café bien chaud et un gâteau aux fruits rouges nous est offert de bon coeur par Nele et Etienne, qu’on remercie encore pour cette charmante attention qui réchauffe autant les entrailles que les mains et les coeurs.
Nous nous dirigeons ensuite hardiment vers le bois, pleins d’espoirs et de bonne humeur. Un premier arrêt avant même l’entrée en forêt est rendu nécessaire pour observer plusieurs bouquets d’Armillaires couleur de miel (Armillaria mellea) croissant sur une vieille souche. Nous verrons plusieurs autres touffes d’armillaires durant la matinée, dommage qu’elles ne soient plus considérées comme comestibles. Le Guide des Champignons de Guillaume Eyssartier et Pierre Roux indique d’ailleurs à son sujet : « l’Armillaire couleur de miel renferme des substances potentiellement toxiques à long terme (intoxications de type gastro-intestinal) : il est donc très déconseillé de le consommer tout comme les autres armillaires ». Oui, c’est bien dommage.
Nous longeons ensuite l’accrobranche encore déserte, pénétrons dans le bois et empruntons un chemin doté de panneaux pédagogiques fort bien faits, et ayant pour thème les arbres de la forêt. Dès l’entrée du bois, deuxième arrêt pédagogique pour observer quelques champignons tardifs intéressants. Parmi ceux-ci, citons-en deux dont il faut se méfier pour qui voudrait les cuisiner, bien qu’ils soient réputés comestibles. Il s’agit :
Pour les audacieux qui voudraient tenter l’aventure, voici un petit conseil éclairé directement issu du site mycologique Champyves dont je vente régulièrement les mérites : on pourra les tester en petites quantités, bien cuites et non renouvelées les jours suivants. En cas de troubles intestinaux, ne pas insister.
On pourra approfondir ceci en consultant cette thèse de pharmacie d’Aurélie Roux : Intoxications par les champignons réputés comestibles (Sciences pharmaceutiques. 2008. dumas-01025662).
L’arrêt suivant emplit le groupe de stupeur : sous nos yeux ébahis se déploie un rond de Géotropes (Infudibulicybe geotropa) d’environ 5 mètres de diamètre, un rond quasi complet. On appelle ces ronds des ronds de sorcières ou cercle de fées, en référence à d’anciennes croyances populaires qui attribuaient ces formations stupéfiantes à des êtres magiques ! Rien de magique en fait, le mycélium du champignon se propage d’année en année depuis le centre où il a pris naissance vers l’extérieur, délaissant l’intérieur du cercle désormais dépourvu de nutriments.
L’étonnement fait rapidement place à la récolte, car le géotrope est un bon comestible. Pour qui en douterait, une photo vaut mieux qu’un long discours (attention : dégustation sur réservation uniquement, longue liste d’attente à prévoir :-) ) :
Le reste de la ballade se poursuit ensuite dans le calme, avec cependant une nouvelle pointe d’excitation quand on croise la route d’une Poule-des-bois (Grifola frondosa), excellent champignon qui n’a absolument rien à voir avec une gallinacée bien entendu, et des Chanterelles en tube (Craterellus tubaeformis).
Nous quittons ensuite la chênaie-châtaigneraie-hêtraie pour entrer dans une parcelle de chênes rouges d’Amérique (Quercus rubra), très pauvre en champignons car ne poussent ici guère que des champignons saprophytes ou parasites, les champignons mycorhiziens ne semblant pas connaitre ou apprécier pas cette essence exotique.
Nous terminons enfin par une parcelle plantée de bouleaux (Betula), dont on retiendra quelques champignons spécifiques :
La fin de la balade est l’occasion d’exposer les plus beaux paniers, et l’esthétique était à l’évidence au rendez-vous. Choix difficile et lourd fardeau que d’attribuer les prix, mais puisqu’il faut désigner les lauréats, voici :
Encore une belle sortie, vivement la prochaine !