par Michel NICOLLE
Littorella uniflora (L.) Asch., 1864, Littorelle à une fleur, Littorelle des étangs.
Famille des Plantaginacées.
En ce mois de juin, découvrons une plante très rare, voir extrêmement rare, la Littorelle à une fleur.
« Littorella » dérive du nom latin « littus » qui veut dire « rivage ». En effet cette plante qui passe l’hiver sous l’eau, peuple les rivages qui sont exondés en début d’été où elle peut former des gazons assez importants.
C’est une plante vivace, d’une hauteur de 5 à 20 cm, très probablement originaire d’Europe.
Les feuilles linéaires, semi-cylindriques, sont en rosettes basales sur une très courte tige. Vers la fin de l’automne elle émet des stolons.
La plante est monoïque et ne fleurit qu’une fois émergée, de juin à octobre. Si les eaux remontent trop rapidement la plante n’a pas le temps de fleurir.
Les fleurs mâles sont solitaires sur un long pédoncule filiforme. Il y a une à deux bractées scarieuses vers le milieu. Les étamines, insérées sur le réceptacle, sont longues et saillantes.
Les fleurs femelles (1 à 3) à 3 ou 4 sépales sont sessiles, au pied des pédoncules des fleurs mâles.
Les fruits, oblongs sont indéhiscents. En plus de la reproduction végétative, la dissémination des graines est assurée par certains oiseaux. Les graines ont une longévité de plusieurs décennies et constituent donc une banque de graines dans le sol.
On trouve la Littorelle sur les rives exondées et périodiquement submergées dans les marais et les étangs des terrains siliceux aux eaux oligotrophes. Elle forme des gazons amphibies ras et plus ou moins étendus. Elle fait partie des végétations amphibie sur sol acide à émersion estivale (CORINE BIOTOPE 22.313). On y rencontre les plantes associées suivantes :
C’est une plante à éclipses, en fonction des données climatiques. Cette espèce, déterminante ZNIEFF dans un certain nombre de régions, est protégée au niveau national (arrêté du 20 janvier 1982). Elle est classée « très rare » en Région Centre Val-de-Loire (arrêté de protection du 12 mars 1993) et « extrêmement rare » en Île-de-France (arrêté de protection du 11 mars 1991). Elle est évaluée « vulnérable » dans ces deux régions.
Dans la région Centre on ne la rencontre qu’au bord de deux étangs dont l’étang de la Benette, en Eure-et-Loir d’où sont extraites les photos. En Île-de-France les stations se trouvent ou se trouvaient dans l’Essonne, les Yvelines (dont la forêt de Rambouillet), Val d’Oise et Seine-et-Marne, mais pour un certain nombre de stations les observations remontent au 19ème siècle et, pour certaines, n’ont pas fait l’objet d’inventaires récents. Gérard Arnal, en 1996, dans son livre « les plantes protégées d’Île-de-France » cite la présence de cette espèce dans les étangs suivantes : étang de Saint-Quentin-en-Yvelines, étangs de Hollande, étang de la porte Baudet, Petit étang neuf et sa disparition dans le nord des Yvelines et en Seine-et-Marne.
C’est une espèce particulièrement sensible aux fluctuations du niveau de l’eau, à l’eutrophisation et à l’acidification prononcée du milieu.
La Litorrelle à une fleur appartient à des milieux qui sont fortement menacé en Europe.
Toutes les photos ont été prises à l’étang de la Benette en Eure-et-Loir.