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Les Tailles d’Herbelay - 13 Juin 2021

Sortie mycologique en Forêt de Marly (Tailles d’Herbelay) - 13 Juin 2021

La semaine a été très ensoleillée, avec des températures maximales oscillant entre 21 et 29 degrés. Il n’a pas plu depuis les orages de la semaine précédente, mais les sols sont encore bien humides en forêt. Et c’est encore une belle journée qui commence en ce dimanche matin, avec déjà 19°C à 9H00 (pour 24°C à midi en fin de cueillette).
Le point de rendez-vous est fixé face au centre aéré de la Forestine à Aigremont, au bord de la Forêt de Marly. Les quartiers environnants qu’on traverse en voiture pour y parvenir sont absolument enchanteurs, avec de jolies maisons aux jardins arborés et fleuris. Les sorties de l’ANY sont décidément enchanteresses, et avant même qu’elles ne commencent ! Peu importe la destination, seul compte le voyage, dit l’adage encore une fois vérifié.

La troupe rassemblée aujourd’hui est plutôt réduite, constituée de 8 personnes désireuses autant d’approfondir leurs connaissances mycologiques que de faire une belle cueillette, la taille des paniers en témoigne.

Yves, notre chef de sortie, commence de suite notre éduction avec grande pédagogie, mais curieusement sur un sujet totalement étranger aux champignons. Nous apprenons donc que la forêt que nous allons traverser est percluse de trous oblongs à circulaires de 2 à plus de 6 mètres dans leur plus grande largeur, pour environ 1 mètre de profondeur. S’agirait-il d’un vestige d’un quelconque bombardement ? Point du tout ! nous avons affaire ici à des trous d’extraction de pierres de meulière, creusés du 18è siècle jusque dans les années 1930. La plupart de ces trous sont dorénavant remplis d’eau (en saison humide bien entendu, comme en témoignent les photos ci-dessous), mais on aura pu constater que ca ne favorisait en rien l’apparition des champignons.

D’ailleurs, à ce propos, ne tournons pas plus longtemps autour du pot... La récolte du jour aura été d’une pauvreté affligeante, inversement proportionnelle à notre espoir initial, notre enthousiasme intact jusqu’au bout, et notre bonne humeur.

Le Dieu Fungus avait sans doute été contrarié. Par qui, par quoi ? Lui seul le sait.
En effet, malgré un trio de champignons vite trouvés, à commencer par une jolie Russule vieux-rose (Russula vesca) dès l’entré de la forêt, facilement reconnaissable à sa couleur, son gout de noisette, et sa cuticule semblant trop courte car laissant dépasser les lames, un Polypore soufré (Laetiporus sulphureus) quelques dizaines de mètres plus loin dont quelques lobes auront été récoltés pour une expérience culinaire, et une Amanite épaisse (Amanita excelsa var. spissa) élégante mais non comestible, on aura passé un long moment sans rien trouver.

Le désespoir était palpable... A tel point que le polypore du bouleau (Fomitopsis betulina, syn Piptoporus betulinus) et le polypore amadouvier (Fomes Fomentarius), qu’on croise toute l’année et qu’on ne note pas systématiquement sur nos inventaires de sortie, auront eu le double honneur non seulement de figurer sur ladite liste, mais aussi de faire l’objet d’une rafale de photos sous tous les angles. Voila qui est assez éloquent. La matière mycologique étant rare, on en a profité pour traiter en profondeur chaque sujet. On rappella donc qu’Ötzi, l’homme momifié découvert dans les glaces d’Italie il y a une trentaine d’années, emportait avec lui ce polypore du bouleau, sans doute pour ses vertus purgative et vermifuge encore bien connues en Europe de l’Est. L’amadouvier mériterait une conférence à lui seul, tellement les usages qu’il permet sont multiples et divers : du cataplasme, à la mèche de briquet, en passant par un cuir dont on fait des casquettes. Un article très intéressant, dont nous recommandons la lecture, recense tous ces usages.

Bref, le champignon étant décidément rare, on aura tenté quelques suppliques au Dieu Fungus, sous couvert d’étudier de plus près un chapelet de pézizes de Michel (Paragalactinia michelii ou Peziza michelii) tapissant le sol, reconnaissables à leur robe brun de date aux reflets violacés dans la jeunesse et à leur chair jaune.

Invocations au Dieu Fungus et observation de Peziza michelii

Je ne suis pas certain qu’on ait été exhaussés. Certes, à partir de cet instant, nous avons trouvé plusieurs exemplaires d’Amanites rougissantes (Amanita rubescens), comestibles bien cuites, mais du coté des champignons ’nobles’... un seul cèpe d’été (Boletus aestivalis). A partager en huit, ça n’en fait pas lourd.

Quoi qu’il en soit, le plaisir était au rendez-vous, et c’est bien là l’essentiel. Rendez vous est pris pour la sortie du dimanche suivant, en nous souhaitant plus de succès.

(Photos Frédéric Della Giusta)

info portfolio

C'est parti pour la cueillette ! Trou d'extraction de meulières Trou d'extraction de meulières La pierre meulière - roche sédimentaire siliceuse Russula vesca - Russule vieux-rose ou Russule comestible Laetiporus sulphureus - Polypore soufré - Chicken of the woods Amanita spissa - Amanite épaisse Piptoporus betulinus - Polypore du bouleau Fomes fomentarius - Polypore amadouvier Gymnopus fusipes - Collybia fusipes - Collybie à pied en fuseau Parasola auricoma - Coprinus auricomus - Coprin à tête dorée Amanita rubescens - Amanite rougissante Parasola auricoma - Coprinus auricomus - spores noires Parasola auricoma - Coprinus auricomus - poil de la cuticule Invocations au Dieu Fungus (et/ou observation de Peziza michelii) Peziza michelii Peziza michelii Peziza michelii - spore bi-guttulée (dans le réactif Rouge congo) Peziza michelii - spore échinulée (dans le réactif de Melzer) Reticularia lycoperdon - Enteridium lycoperdon Reticularia lycoperdon - Enteridium lycoperdon Boletus aestivalis - Bolet d'été Boletus luridus - Suillellus luridus - Bolet blafard

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