Pour cette nouvelle sortie mycologique, nous nous sommes donnés rendez-vous au parking de la Roche aux Loups, à quelques encablures du centre de Poigny-la-Forêt, en forêt de Rambouillet.
17 personnes sont donc réunies, avec parmi nous la relève : de jeunes mycologues, découvrant la cueillette des champignons et déjà passionnés ! Avec un peu de constance dans la participation aux sorties, quelques lectures (et relecture) des comptes-rendus et des photos associant champignons et leurs noms, bref, avec un peu de pratique et de persévérance, nul doute qu’on aura bientôt de vrais experts !
Côté temps, nous sommes plutôt gâtés. Le soleil est là et bien là, et une toute petite averse n’altérera pas l’impression de beau temps. La température est également clémente avec 13°C au thermomètre.
La balade commence par l’exploration des sous bois aux alentours des ruines de l’Abbaye des Moulineaux dont le périmètre, fermé aux visiteurs, ne permet guère d’apercevoir que quelques pierres ou restes d’ouvrages, ici ou là.
Là, on retrouve quelques champignons faciles et courants, dont :
- la collybie des chênes (Gymnopus dryophilus), qu’on reconnait à son chapeau beige souvent mamelonné et foncé au centre, un peu ’gras’ au toucher, des lames beiges et un pied plus sombre que le chapeau.
- le scléroderme commun (Scleroderma citrinum), en forme de boule squameuse, qui révèle à la coupe une chair blanchâtre et un centre noircissant, chair qui finira avec l’âge complètement poudreuse et brunâtre... triste fin !
- l’amanite citrine (Amanita citrina), à la couleur jaune pâle et à l’odeur caractéristique de pomme de terre crue (d’aucuns disent de rave ou de navet).
- la lépiote élevée (Macrolepiota fuliginosa), variété de Coulemelle, au pied chiné et rougissant-brunissant au grattage.
On y trouve aussi un champignon remarquable par son odeur : l’inocybe à odeur de miel (Inosperma cookei), qui dégage, comme son nom vernaculaire l’indique, de délicieuses effluves de miel !
Une fois le ruisseau traversé, nous prenons un chemin longeant un étang et des espaces herbeux où fougères, ronces et carex forment le gros du contingent des plantes. Coté champignon, quelques jolies pièces à rajouter au tableau :
- la clavaire en chandelier (Artomyces pyxidatus), à la beauté éthérée, poussant sur bois mort et pourrissant.
- la lépiote gracile (Macrolepiota rickenii), cousine de la précédente lépiote et toute aussi agréable sous la fourchette.
- le schizophylle commun (Schizophyllum commune), sur une branche morte, qui nous enchante comme à chaque rencontre. Attention tout de même car les spores de ce champignon peuvent germer dans les voies respiratoires des personnes ayant un système immunitaire affaibli... On évitera donc de s’attarder, de se pencher de trop près pour l’admirer, sans parler de le goûter, évidemment.
Nous poursuivons ensuite sur le chemin et entrons dans un troisième écosystème où le pin sylvestre (reconnaissable à ces branches hautes oranges) domine, accompagné d’une cohorte de champignons spécifiques aux résineux, parmi lesquels :
- la nonnette voilée (Suillus luteus), un bolet au chapeau brun et visqueux, et un voile protégeant dans son jeune âge les pores jaunes du champignon. Excellent comestible pour certains (après avoir ôté la cuticule, c’est à dire la peau du chapeau), violent laxatif pour d’autres... Une expérience à tenter, avec précaution et prudence.
- la fausse girolle (Hygrophoropsis aurantiaca), d’un orange éclatant, qui se différencie de la girolle par la présence de lames (fourchues) sous son chapeau et non de plis. Bon comestible pour certains, de médiocre à très médiocre pour d’autres... On préférera, et de loin, la vraie girolle !
- le lactaire orangé-gris (Lactarius quieticolor), au lait couleur de carotte et au pied scrobiculé, c’est à dire présentant de petites fossettes. Comestible.
- la collybie queue-de-souris, (Baeospora myosura), petit champignon brun de quelques centimètres, sans prétention mais présentant la particularité notable de pousser sur les cônes de pin.
Plus loin sur le chemin, on s’arrête dans le quatrième écosystème du circuit : un milieu humide, peuplé de bouleaux poussant dans les sphaignes. Là encore, les champignons qu’on y rencontre sont spécifiques au bouleau (ou l’affectionnent sans être exclusifs) et aux sphaignes :
- le tricholome brun et jaune (Tricholoma fulvum), dont la comestibilité est jugée ’sans intérêt’, ce qui est bien dommage au vu de la quantité rencontrée...
- la russule versicolor (Russula versicolor), aux couleurs variées comme son nom l’indique, et comme souvent chez les russules, ce qui ne facilite pas son identification.
- le bolet rude noir (Leccinum nigellum, avec un joli pseudo-réseau noir sur le pied, façon bas résille. A noter que c’est la première fois que nous le rencontrons à l’ANY.
- le bolet rude vert-de-gris (Leccinum aerugineum) au chapeau vert, encore une rareté à noter dans les tablettes.
Après avoir dépassé les Rochers d’Angennes, du nom d’une noble famille de seigneurs de Poigny et de Rambouillet, nous cheminons à travers bois direction la route départementale 107 que nous franchissons rapidement, puis terminons l’expédition par la traversée d’un dernier milieu, la chênaie-châtaigneraie, forêt peuplée de chênes et de châtaigniers (milieu propice au cèpe de Bordeaux, mais nous n’en trouverons pas, malheureusement). Nous rejoignons enfin le parking en longeant la route aux accotements herbeux. L’occasion de quelques dernières belles rencontres :
- la mycène à pied gluant (Roridomyces roridus), petite espèce assez rare, au pied gluant comme son nom l’indique, ce qui n’est pas commun.
- la vesse de loup à diaphragme (Vascellum pratense)
- l’agaric des jachères (Agaricus arvensis), dégageant une délicate odeur d’anis, comestible s’il ne poussait pas si près de la route. On rappelle au passage que les champignons sont des concentrateurs de polluants, on évitera donc de consommer ceux poussant sur des terrains vagues douteux, bords de routes, plates-bandes fumées, etc.
Au final, on aura dénombré lors de cette excursion plus de 80 espèces (parmi lesquelles plusieurs raretés), dont voici la liste :
Liste des espèces de champignons.
Bref, une belle sortie, un moment très agréable, à renouveler sans modération.