En préparation d’une sortie mycologique future (et en guise de promenade dominicale), nous avions décidé d’explorer les alentours de la maison forestière des Curieux, le long de la départementale D98 qui relie Saint-Nom-La-Bretèche à Fourqueux.
C’était aussi l’occasion de compléter l’inventaire mycologique de la forêt de Marly, et de voir si le cèpe d’été ou le cèpe de Bordeaux, rois de nos forets, sont enfin de sortie. La sortie du weekend précédant, coté gare de Saint-Nom, pouvait en effet donner de l’espoir.
Cependant, la semaine écoulée avait encore une fois été bien sèche. Et la maigre averse de pluie de 10 minutes le matin même n’allait malheureusement pas y changer grand-chose... Le constat est d’ailleurs le même une fois lancés sur les chemins : les sols sont encore très secs, la poussière s’élève en nuages à notre passage, les feuilles de hêtres craquent sous les pas. D’ailleurs, on observe que de nombreux hêtres ont déjà perdu tout ou partie de leurs feuilles, signe que la forêt souffre de cette sécheresse prolongée. Les chênes résistent mieux, mais pour combien de temps encore ? Il est grand temps qu’il pleuve, et qu’il pleuve suffisamment pour imprégner profondément les sols. Trois jours continus de pluie seraient salvateurs pour les arbres, et lanceraient à coup sà »r la saison mycologique.
En guise de pluie, en cette après-midi ensoleillée et finalement très agréable, on a droit à une averse de glands, qui, arrivés à maturité, tombent comme hallebardes. Mieux vaut ne pas se trouver dessous quand ils tombent du plus haut de l’arbre ! Mais une casquette suffit bien à s’en protéger. Et de toutes façons, rien n’arrête le mycologue, pas même une nature hostile.
Partis en reconnaissance dans les bois profonds, force nous est de constater qu’il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Le peu de champignons trouvés alors, on les a finalement rencontrés le long des chemins, aux endroits où des résurgences d’eau souterraine humidifient quelques ornières. Nous décidons alors de rester sur les chemins et de redoubler de vigilance avant de poser le pied.
24 espèces de champignons plus tard, on admet qu’après tout, ce choix n’était pas si mauvais.
Liste des espèces de champignons.
Parmi les espèces notables, on aura croisé :
Pour cette sortie, on choisit de mettre à l’honneur Amanita excelsa var. spissa (l’Amanite épaisse).
Plutôt que de décrire cette espèce par le menu, comparons-là à sa cousine, Amanita pantherina (l’Amanite panthère) qui partage le même habitat et est assez semblable (de loin).
Concentrons-nous sur les critères qui permettent de les distinguer aisément :
– Squames sur le chapeau : Blancs et en flocons pour A. pantherina, Gris et en plaques pour A. excelsa var. spissa
– Anneau : membraneux et non-strié pour A. pantherina, en jupe, tombant et strié pour A. excelsa var. spissa
– Bulbe du pied : bulbe séparé du pied par un bourrelet net et surmonté par un ou deux autres bourrelets pour A. pantherina, bulbe en oignon surmonté de quelques bourrelets gris pour A. excelsa var. spissa
– Chapeau : à bord strié pour A. pantherina (sur exemplaires à maturité, ce qui n’est pas le cas sur la photo ici ou les 3 exemplaires sont des juvéniles), non strié pour A. excelsa var. spissa
Aucune n’est comestible (A. pantherina est toxique, A. excelsa var. spissa est donnée comme ’sans intérêt’). Fallait-il alors pousser aussi loin la comparaison ? Assurément, pour la beauté de la science !
(Photos Frédéric Della Giusta & Étienne Varney)