par Frédéric Della Giusta
Le champignon que nous mettons à l’honneur ce mois-ci est encore une rareté découverte à l’Etang-la-ville, en contrebas du Chemin des Closeaux le long de la voie ferrée ce 11 janvier 2023, il s’agit de Meottomyces dissimulans, une espèce tardive, visible de décembre à janvier (Novembre à Mars dans la littérature anglaise). C’est à quelques mètres près l’endroit où nous avions trouvé Coprinopsis melanthina qui avait eu les honneurs du Champignon d’octobre 2022, endroit à retenir et à préserver puisqu’il recèle mille et une merveilles (dont deux déjà mises en évidence, reste 999 à y découvrir, si Dieu veut).
Hypholoma oedipus Saccardo (1887)
Psathyrella oedipus (Saccardo) Konrad & Maublanc (1949)
Pholiota oedipus (Cooke) P. D. Orton (1960)
Phaeogalera oedipus (Cooke) Romagnesi (1980)
Hemipholiota oedipus (Saccardo) Bon (1986)
Galerina oedipus (Saccardo) Clémençon (1986)
Je ne donne pas souvent les synonymes des champignons car ils sont en général pléthoriques et n’apportent pas grand chose au commun des mortels dont je suis, sauf dans de rare cas comme celui-ci. Le nom de genre Meottomyces étant relativement récent (2008), de nombreux ouvrages que le mycologue passionné utilise quotidiennement font encore références aux anciens noms. Le guide de Marcel Bon, Champignons de France et D’Europe occidentale, utilise par exemple Hemipholiota oedipus. Je ne donne ici que les principaux noms qui serviront aussi à illustrer la difficulté à assigner un genre à ce curieux champignon, comme nous allons le voir dans le chapitre suivant.
Notons enfin que le nom vernaculaire de ce champignon est la Pholiote à pied renflé.
Passage désormais obligé, allons voir ce que nous enseigne l’étymologie.
Et... patatras ! (ou bardaf ! comme disent nos amis Belges). On n’y apprend rien sur le choix de cet épithète. De là, car j’ai ceci de commun avec la nature que j’ai une sainte horreur du vide, revenons à l’étymologie, creusons l’idée, et lançons nous dans de pures conjectures.
Ce champignon est rare, au moins pour les Yvelines. Rare, non seulement car il peut facilement être confondu avec la Collybie beurrée, mais aussi parce qu’il pousse à une époque où on ne pense pas prendre son panier, affronter le froid, et partir à la cueillette des champignons. Et peut-être rare tout court.
Pour se convaincre du caractère exceptionnel de cette récolte, faisons un tour dans l’inventaire mycologique de l’ANY :
Note : le 22 Janvier 2023, une 4e récolte est ajoutée au tableau de chasse, toujours le long du Chemin des Closeaux à l’Étang la ville, mais sur un autre spot à environ 800 m du premier, dans un milieu plus ouvert et moins humide, toujours parmi les feuilles mortes. Deux photos sont ajoutées dans le portfolio ci-dessous.
Passons maintenant à la description :
Chapeau
Chapeau de petite taille, 1 à 5 cm de diamètre pour cette récolte, brun foncé avec la marge beige presque blanche, quelques traces très discrètes de reste de voile, gars à viscidule, brillant, subtilement striée (par transparence), hygrophane (devient beige en séchant).
Pied
Entre 3 et 5 cm de hauteur, et 3 à 7 mm de diamètre pour les exemplaires observées (la littérature donne 1,3-5 cm ht x 1.5-8 mm diam.), blanc à beige avec des fibrilles blanches, avec un anneau fin et fragile. Présence d’un mycélium cotonneux blanc à la base.
Lames
Beiges, légèrement décurrentes, à arrête donnée pour dentelée mais surtout givrée (particulièrement visible lorsque observée à la loupe), avec présence de lamelles et lamellulles.
Odeur
Fongique faible
Spores
Spores phaséoliformes (en forme de graine de haricot) à elliptiques, hyalines, à pore germinatif petit ou nul (non observé sur cette récolte), mesurées à 7-9x4.5-5µm, là où la littérature donne une taille légèrement supérieure 8-10x4.5-5µm.
Cystides
Présence de cheilocystides (sur l’arrête des lames) nombreuses, longues (40-80µm), clavées (en forme de massue), de forme très irrégulière (présentant plusieurs renflements dans leur longueur), certaines avec le sommet diverticulé (à plusieurs appendices terminaux) ou plutôt bifide (à deux têtes comme le montre la photo dans le portfolio).
Absence de pleurocystides (sur la face des lames). Caulocystides (sur le haut du pied) identiques au cheilocystides, curieusement non répertoriées dans la littérature consultée.
Habitat
donné sous feuillus, dans les feuilles mortes (cas de cette récolte) et sur débris ligneux
Comestibilité
non comestible