Par Michel Nicolle
Ranunculus sceleratus L., 1753
Renoncule scélérate, Renoncule à feuilles de céleri, Sardonie, Herbe sardonique.
Famille des Renonculacées.
Pour cette floraison de juin intéressons-nous à une renoncule à l’aspect curieux et à la très grande toxicité, Ranunculus sceleratus, la Renoncule scélérate.
Cette annuelle, indigène, native de Finlande, fleurit d’avril à septembre. Elle fut, par le passé, souvent confondue avec la Renoncule dite de Sardaigne (R. sardous).
C’est la plus toxique de toutes les Renoncules par la présence des molécules suivantes :
– Des glycosides : adonitoxine, ranunculine (hétéroside).
– D’autres molécules : helleborine, protoanemonine (lactone).
La ranunculine est hydrolysée en protoanemonine qui est une substance irritante inactivée par le séchage.
Tous les lieux humides de nature plus ou moins vaseux, marais, marécages, fossés, sols humides riches en azote. On la rencontre dans les eaux peu profondes à vase exondée en période estivale.
Ranunculus vient du latin rana, grenouille, en raison des milieux humides où vivent ces plantes. sceleratus vient de scelus = crime.
Linné a emprunté le nom spécifique à Apulé (Lucius Apuleius, né vers 170 en Algérie, écrivain et philosophe) dont l’Herba scelerata était un synonyme de l’Herba sardonia, plante de Sardaigne.
La Renoncule scélérate est considérée comme la renoncule la plus toxique avec la Renoncule des marais (Renoncule Sardous) et concerne la totalité de la plante. Cette espèce est connue depuis le Moyen-âge. Son contact avec la peau contracte les muscles fasciaux en une sorte de rire convulsif. C’est l’explication de l’expression « rire sardonique » dont il est question dans l’Odyssée et passée en locution dans la langue française. De son appellation médiévale de « Sardonie » fut dérivé l’adjectif « sardonique ».
Son ingestion entraîne une atteinte des muqueuses buccales et du tube digestif (stomatite, brulures, ulcération).
Selon la légende, les mendiants du Moyen-âge se frottaient le visage avec cette plante pour exhiber des blessures et susciter la pitié.
Les photos sont de l’auteur et ont été prises au parc du Peuple de l’Herbe (Carrière-sous-Poissy - 78), au Marais de Maincourt (Yvelines), à la mare ronde de l’étang d Saint-Quentin-en-Yvelines et en Eure-et-Loir.