Ce voyage parrainé par ANY du 7 au 19 février 2014 a rassemblé 10 participants : 4 membres d’ANY et 6 autres naturalistes amateurs dont 4 de la région parisienne et 2 de Normandie. Le voyage était encadré par un ornithologue sénégalais, Moussa Séga Diop, et par 3 guides naturalistes sénégalais. Pour la partie du voyage en Gambie, nous avons eu pour conseiller scientifique Lamin Sanyang, Conservateur du Parc national de Niumi.
Le voyage a été organisé par l’agence de voyage sénégalaise Alco Voyage qui travaillait dans la mesure du possible avec les associations, communautés et petites entreprises locales en ce qui concerne les guides, les transports, le logement, etc... Ceci pour que les bénéfices reviennent à l’économie locale tout en réduisant les coûts.
L’itinéraire du voyage est présenté dans le schéma suivant :
L’itinéraire a débuté par un trajet de presque 600 km en véhicules 4x4 de Dakar jusqu’à l’Hôtel de Simenti sur le fleuve Gambie à l’intérieur du Parc national du Niokolo-Koba au sud-ouest du Sénégal. Après 3 jours d’observations dans le Parc et aux alentours, les véhicules nous ont emmenés en Gambie et nous ont déposés au campement [1] de Janjanbureh sur la rive droite du fleuve Gambie à plus que 300 km de son embouchure.
De là nous avons descendu le fleuve en bateau sur une trentaine de kilomètres jusqu’au quai de Kuntaur, très belle croisière qui passait par le Parc national River Gambia, site d’un projet d’introduction de chimpanzés captifs pour établir une population sauvage de cette espèce menacée. Un minibus et un véhicule 4x4 nous attendaient pour nous conduire pendant le reste du voyage. Après une visite du site des menhirs funéraires préhistoriques du musée Stone Circle et de la zone humide de Kaur, et une traversée du fleuve Gambie en ferry, nous sommes arrivés au campement de Tendaba pour un séjour de 3 nuits. Les marées y sont très fortes à presque 150 kilomètres de l’embouchure du fleuve. Le lendemain matin nous avons fait une visite en pirogue des bolongs [2] de la réserve de Baobolong, et l’après-midi nous avons été reçus par le Conservateur du Parc national de Kiang West pour une promenade guidée dans le Parc. Le jour suivant nous nous sommes promenés dans la campagne aux alentours de Tendaba. Le lendemain nous avons traversé de nouveau le fleuve Gambie pour voir les mares du côté nord de la réserve de Baobolong, puis pour visiter le Parc national de Niumi avant de rejoindre Toubacouta dans le delta du Saloum au Sénégal pour passer la nuit.
La visite de l’Île aux Oiseaux dans le Parc national du Delta du Saloum ayant été supprimée pour raison de fort vent, nous avons fait un circuit d’observation en pirogue sur le bolong Bandiala et une promenade à pied dans le Parc, puis nous visitâmes l’Île de Kousmar avant d’arriver à Kaolack pour la nuit. Le lendemain c’était le retour à Dakar après une visite de la réserve de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) près de M’bour. La dernière journée nous avons visité le Parc national des Îles de la Madeleine dans l’Atlantique à moins de 3 kilomètres des côtes de Dakar, fermé au public depuis plusieurs années, puis le très grand parc forestier urbain de Hann à Dakar.
Du 1er au 7 février 2014 cinq participants ont pris part à une excursion de randonnée et de découverte de la Communauté Rurale de Dialacoto qui jouxte borde le côté nord du Parc national du Niokolo-Koba, excursion organisée par les guides du Parc. Les observations ornithologiques de cette excursion ont été intégrées à celles du voyage ornithologique proprement dit (observation de 8 espèces additionnelles).
A chaque fois qu’un oiseau a été aperçu nous nous sommes arrêtés pour l’identifier. L’espèce d’oiseau repérée n’a été ajoutée à la liste jointe [3] qu’après sa validation par au moins deux observateurs, ceci pour assurer la rigueur nécessaire. Au total, nous avons observé 228 espèces d’oiseaux sur les 475 environ présentes dans les zones visitées, plus une espèce entendue mais pas vue. Les espèces vues ou entendues comprenaient 50 oiseaux migratrices de notre région paléarctique (22%), et 179 espèces résidentes en Afrique dont les hérons et aigrettes (13 espèces observées), les cigognes et ibis (5 espèces), les rapaces de jour (24 espèces), les vanneaux (4 espèces), les pigeons et tourterelles (11 espèces), les martinets (4 espèces), les martins-pêcheurs (7 espèces), les guêpiers (6 espèces), les rolliers (4 espèces), les barbicans (3 espèces), les calaos (3 espèces), les choucadors ou étourneaux métalliques (3 espèces), les tchitrecs ou gobemouches de paradis (3 espèces), les souimangas (6 espèces), les tisserins (6 espèces) et les astrilds (7 espèces).
Deux observations d’intérêt scientifique (en rouge dans la liste) ont été notées et sont en cours de vérification :
– un Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola) à été observé dans la mare de Leba près de Badi à l’extérieur du Parc national du Niokolo-Koba (13°21’N -13°22’) ; jusqu’ici ce migrateur paléarctique n’a été observé que sur le côte à l’extrême nord du Sénégal.
– dans les arbres bordant cette même mare, un Héron pâle (Ardea monicae) a été observé en compagnie d’autres hérons et aigrettes ; cette espèce, considérée par certains comme sous-espèce du Héron cendré (A. cinerea monicae) ne se trouve normalement qu’aux alentours du Banc d’Arguin en Mauritanie.
Voici quelques autres visites et observations les plus marquantes du voyage :
– l’Île de Kousmar où 20.000 Elanions naucler (Chelictinia riocourii) et 15.000 Faucons crécerellettes (Falco naumanni) convergent au crépuscule sur quelques baobabs pour y passer la nuit,
– le Parc national des Îles de la Madeleine avec ses très gracieux Phaétons à bec rouge (Phaethon aethereus) dont les seules autres colonies se trouvent au Cap-Vert,
– environ 1.500 Cigognes blanches (Ciconia ciconia) regroupées dans la Réserve de Baobolong en Gambie avant d’entamer leur migration vers l’Europe,
– la chance d’observer plusieurs espèces assez rares comme la Grue couronnée (Balearica pavonina) ou le Bihoreau à dos blanc (Gorsachius leuconotus), et bien d’autres très difficiles à voir telles que la Chevêchette perlée (Glaucidium perlatum) ou le Rémiz à ventre jaune (Anthoscopus parvulus),
– les comportements fascinants des oiseaux africains très variés et souvent très colorés : le chant dansant des petits calaos, les acrobaties de chasse des guêpiers, le Pygargue vocifère (Aigle pêcheur) exerçant sa domination sur les autres espèces entrant dans son territoire, et l’incroyable concert quotidien de l’avifaune de la savane...
Chevêchette perlée | Phaéton à bec rouge | Grues couronnées |
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La randonnée préalable a aussi donné lieu à quelques observations insolites :
– un Loriot doré (Oriolus auratus), normalement caché dans le feuillage des cimes des arbres, se pose tout près sur une branche dénudée.
– un jeune Gymnogène d’Afrique (Polyboroides typus, un rapace de taille importante) est délogé d’un palmier par une bande de Piapiacs africains (Ptilostomus afer, un petit corvidé).
– un vol de Bagadais casqués (Prionops plumatus), généralement assez farouches, suit les randonneurs de très près pendant un quart d’heure.
– un hippopotame s’accouple avec sa belle en plein jour, sortant ainsi de l’eau sur son dos.
Loriot doré | Bagadais casqué | Hippopotames |
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Nous avons observé plus d’espèces que les 174 observées lors du voyage de mars 2013. Ceci s’explique par la durée accrue (17 journées d’observation contre 8 en 2013) et aussi par le nombre plus important d’oiseaux migrateurs présents en Afrique début février que mi-mars. Néanmoins 26 des espèces observées en 2013 ne l’ont pas été lors de ce voyage. Le nombre d’espèces observées pendant les deux voyages confondus se monte donc à 254 (255 espèces vues ou entendues).
Nos trois guides sénégalais, responsables de l’ornithologie au sein du Groupement d’intérêt économique des Guides du Parc du Niokolo-Koba, ont pu s’entretenir pendant le voyage avec leurs homologues en Gambie où, contrairement au Sénégal, le tourisme ornithologique est très bien implanté. Ils projettent de planifier ensemble une offre de tourisme ornithologique associant les deux pays. L’association de loi 1901 « COMETE international » soutient cet effort dans le cadre d’un projet dont l’objectif est de contribuer au développement durable et solidaire du Parc du Niokolo-Koba, en associant les populations qui seront ainsi sensibilisées aux mesures de protection de l’environnement. Si vous souhaitez soutenir ce projet, vous pouvez vous référer au site web de « COMETE international » ou contacter cette association par courriel à comete(à)comete-international.org.
Voici une version PDF de ce compte-rendu :
[1] au Sénégal ce terme s’applique à un ensemble de cases avec restauration, le niveau de confort est variable mais moindre que celui d’un hôtel
[2] longs et étroits bras du fleuve
[3] Le fichier est en lecture seulement, pour manipuler les tableaux les copier dans un nouveau fichier tableur.