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Journées Européennes du Patrimoine au Potager, 19-20 septembre 2020

Visite géologique

VISITE GÉOLOGIQUE AU POTAGER DU ROI

Matérialisant les relations existantes entre l’École Nationale Supérieure de Paysage (MM. Vincent Piveteau, Directeur, et Antoine Jacobsohn, Responsable du Potager du Roi) et l’ANY (Étienne Varney), l’ANY a participé aux manifestations des Journées Européennes du Patrimoine au Potager, les 19-20 septembre 2020.

Un stand ornithologique ANY, illustré de nombreux panneaux représentant les oiseaux familiers de la ville (moineau, merle mésange, pinson, choucas,…) et de la campagne proche (bruant, alouette, grive, hulotte, corneille …) a permis à de nombreux visiteurs d’en savoir davantage sur la gent ailée grâce aux explications éclairées de Jean-Pierre Thauvin et de Michel Nicolle *2.

La balade patrimoniale autour du jardin carré en présence de Vincent Piveteau*1 a mis l’accent sur la nature exceptionnelle du Jardin du Roi, depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, associant son caractère unique et novateur aux techniques actuelles de préservation de la biodiversité, de la culture biologique, techniques enseignées aux étudiants de l’École de Paysage.

La partie géologique de la balade a consisté en un rappel des conditions lithologiques particulières auxquelles a dû faire face Jean-Baptiste de la Quintinie, transformant, vers la fin du XVIIème siècle, un « Étang Puant » en un « Jardin révolutionnaire et fertile » très goûté par Louis XIV, les figues en particulier. L’essentiel des murs et porches quadrillant le jardin carré et ses abords*3 sont constitués de blocs rocheux, calcaires du Lutétien*4 (Éocène, d’âge compris entre - 48,6 et 40,4 millions d’années) et de meulières du Rupélien*5 (Oligocène), formés lors de plusieurs épisodes de transgression et de régression marine. Les calcaires sont issus au départ de dépôts marins venant de la Mer du Nord et de la Manche puis tardivement de l’Atlantique. Une vingtaine de mètres d’eau, chaude et de salinité variable, explique alors la richesse de la faune de mollusques et la variabilité des sédiments carbonatés ou siliceux déposés.

La construction du Potager du Roi s’est déroulée en deux étapes principales : la première a consisté à remblayer, sur 3 à 4 m d’épaisseur, le site marécageux avec le sable localement limoneux prélevé lors du creusement de la pièce d’eau des Suisses ; la deuxième a permis de rendre le sol plus fertile à partir de matériaux issus des hauteurs de Satory, des sables et grès, des meulières de Bois d’Arcy, associées à des argiles bariolées du Stampien supérieur ainsi que des limons récents dits des plateaux (lœss parisien), sans oublier le fumier de cheval, alors abondant. La surface du potager est légèrement inclinée vers le Nord-Ouest pour faciliter l’écoulement des eaux, par drainage.

Les calcaires du Lutétien dont l’épaisseur totale en région parisienne atteint une trentaine de mètres, étaient exploités au XVIIème siècle, dans l’Oise en particulier, près de Saint-Leu-d’Esserent, Saint-Vaast-lès-Mello et en Yvelines, près de Beynes (la ferme de l’Orme). Ils ont contribué à l’édification de nombre de monuments parisiens dont Notre-Dame et le Château de Versailles. Les blocs calcaires du Lutétien moyen et supérieur sont relativement homogènes : bancs métriques, mi-tendres à mi-durs : le calcaire de St Leu à Ditrupa (algue), calcaire à mollusques et autres organismes*6, calcaire du Liais franc*7, le banc de roche*8, très dur, le calcaire dolomitique à Potamides*9, et à Cérithes*10, en particulier.
Les hauts murs entourant les aires de culture permettent la juxtaposition des cultures très diverses, accumulant la chaleur de la journée et limitant les baisses brusques de température la nuit, autorisant ainsi la culture d’abricotiers, de pêchers et figuiers et facilitant la culture des poiriers et pommiers en espalier*11, adossés aux murs.
Actuellement les propriétés physico-chimiques des sols , localement plus argileux ou sableux ou constitués d’alluvions, sont à l’étude pour associer au mieux jardinage et paysage.
Le Potager est aujourd’hui un lieu de transformation*12, confortant son rôle historique d’espace d’expérimentation et de démonstration et offre aux étudiants de l’ENSP un atelier en plein air pour les enseignements artistiques et écologiques.

Photos *
1 - Vincent Piveteau
2 – Jean-Pierre Thauvin, Daniel Ledon et Michel Nicolle, au stand ornithologique
3 – Plan du Jardin du Roi et ses abords
4 - Calcaire du Lutétien moyen et supérieur
5 – Mur en meulière du Rupélien (Stampien)
6 – Calcaire à mollusques et autres organismes (Lutétien moyen)
7 – Calcaire du Liais franc (Lutétien supérieur)
8 – Calcaire dit du « banc de roche » (lutétien supérieur)
9 – Calcaire dolomitique à Potamides (Lutétien supérieur)
10 – Calcaire à Cérithes (lutétien supérieur)
11 – Poiriers en espalier
12 – Potager, vue de l’ENSP
+ Coupe stratigraphique du Lutétien parisien (BRGM éditions – publication du Museum)

info portfolio

1 Vincent Piveteau 2 – Jean-Pierre Thauvin, Daniel Ledon et Michel Nicolle, au stand ornithologique 3 – Plan du Jardin du Roi et ses abords 4 - Calcaire du Lutétien moyen et supérieur 5 – Mur en meulière du Rupélien (Stampien) 6 – Calcaire à mollusques et autres organismes (Lutétien moyen) 7 – Calcaire du Liais franc (Lutétien supérieur) 8 – Calcaire dit du « banc de roche » (lutétien supérieur) 9 – Calcaire dolomitique à Potamides (Lutétien supérieur) 10 – Calcaire à Cérithes (lutétien supérieur) 11 – Poiriers en espalier 12 – Potager, vue de l'ENSP 13 - Coupe stratigraphique du Lutétien parisien (BRGM éditions – (...) 14 - D. Ledon et Campanile giganteum