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Voyage Ornithologique au Sénégal et en Gambie - janvier 2015

du 14 au 26 janvier 2015

Ce troisième voyage ornithologique en Afrique parrainé par ANY a suivi essentiellement le même circuit au Sénégal et en Gambie que le deuxième voyage de février 2014, sauf que le circuit de cette année a été fait en sens inverse avec l’ajout d’un jour et demi dans le Parc National des Oiseaux du Djoudj dans le nord du Sénégal :

Jour 1 : Arrivée à Dakar
Jour 2 : Visite en pirogue du bolong (bras de mer) Bandiala dans le delta du Saloum
Jour 3 : Parc National de Niumi et Réserve de Baobolong en Gambie
Jour 4 : Balades en pirogue et à pied aux alentours de Tendaba en Gambie
Jour 5 : Zone humide de Kaur, croisière sur le fleuve Gambie à travers le Parc National de Gambia River
Jour 6 : Observations à Janjanbureh et à Kunkilling Forest Park, puis retour au Sénégal
Jours 7 & 8 : Parc National du Niokolo-Koba
Jour 9 : Sortie du Parc National du Niokolo-Koba, observations à l’Île de Kousmar près de Kaolack
Jour 10 : Réserve de l’IRD à M’bour
Jour 11 : Parc National des Îles de la Madeleine à Dakar
Jour 12 : Parc National des Oiseaux du Djoudj
Jour 13 : Balade en pirogue à Djoudj, retour à Dakar pour envol pour Paris (arrivée le lendemain).

L’itinéraire Les participants (© J.F. Magne)

Trois participants ont entrepris un circuit supplémentaire privé de deux jours dans la périphérie du Djoudj (l’après-midi du Jour 13), au Parc National de la Langue de Barbarie (Jour 14), et aux sites ornithologiques du Technopôle et du Parc forestier de Hann à Dakar (Jour 15). Les observations de ce circuit supplémentaire ont été intégrées à celles du voyage de groupe parrainé par ANY.

A la différence des deux premiers voyages qui ont été organisés par des agences de tourisme commerciales, ce voyage a été organisé par le Groupement d’Intérêt Economique des Guides du Parc national du Niokolo-Koba (GIE NIOKOLO), ce qui nous a permis de réaliser une étape supplémentaire vers un tourisme équitable. Ibrahima Kouyaté et Sitapha Souané, respectivement président et membre de la Commission Ornithologie du GIE NIOKOLO, nous ont accompagnés pour l’ensemble du voyage. Le GIE NIOKOLO a confié le transport en minibus à la société Nouvelles Frontières, et le transport en 4x4 à l’intérieur du Parc national du Niokolo-Koba était organisé par l’association de tourisme solidaire ICD-Afrique dans le cadre de sa coopération avec le GIE NIOKOLO.

Comme la dernière fois nous avons bénéficié du conseil des ornithologues africains Dr Moussa Séga Diop (sénégalais) et Lamin Sanyang (gambien), et nous avons eu aussi les services du guide ornithologique Idrissa Ndiaye au Djoudj. Il y avait cinq participants français : un membre d’ANY et quatre participants qui sont ornithologues de métier. Ce dispositif professionnel nous a permis d’identifier et d’observer les oiseaux plus efficacement que lors des voyages précédents, surtout en ce qui concerne les passereaux, les rapaces et les laridés. Nous avons vu 302 espèces d’oiseaux et entendu 5 autres. Nous avons aussi observé 25 espèces de mammifères et grands reptiles, et vu les traces des lions et des hyènes. Pour les détails voir les listes jointes. [1]

Nos observations les plus significatives sur le plan scientifique ont été les suivantes :

 Un Onoré à huppe blanche (Tigriornis leucolopha) adulte, observé dans le delta du fleuve Saloum. Ce héron est un rare résident des rivières de forêt et des mangroves dans les bassins des fleuves Gambie et Casamance. Il est très rare dans le delta du Saloum.

 Un Martin-pêcheur azuré (Alcedo quadribrachys), rare en Sénégambie pendant la saison sèche, a été observé sur le fleuve Gambie dans le Parc national du Niokolo-Koba où il n’y avait été rapporté qu’une seule fois auparavant.

 Un Hibou des marais (Asio flammeus), un migrateur peu commun dans la zone du delta du fleuve Sénégal mais rare ailleurs, a été vu dans le Parc National des Îles de la Madeleine.

 Au-dessus d’un champ en feu au Sénégal à l’ouest du Parc national du Niokolo-Koba nous avons vu une vingtaine de Rolliers d’Abyssinie (Coracias abyssinicus) et une dizaine de Guêpiers écarlates (Merops nubicus) attrapant dans un vol frénétique les insectes déplacés par le feu.

 Dans une petite étendue brûlée au Technopôle de Dakar, nous avons vu une dizaine de Barges à queue noire (Limosa limosa) en train de rechercher de l’alimentation souterraine, apparemment des racines tubéreuses. Une avait été baguée au Pays Bas. Des recherches en cours ont montré que les Barges à queue noire changent leur régime pendant leur migration en Afrique, période où elles deviennent essentiellement herbivores causant des dommages importantes aux cultures.

 Dans le paysage désertique de la réserve du Ndiael à mi-chemin entre Saint-Louis et Richard Toll, un Sirli du désert (Alaemon alaudipes) se déplaçait pendant une centaine de mètres en compagnie d’un Courvite isabelle (Cursorius cursor).

Pendant le voyage nous avons vu à plusieurs reprises deux espèces migratrices censées être peu communes en Sénégambie :
 la Cigogne noire (Ciconia nigra)
 le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus).

Nous avons vu dans le Parc national du Niokolo-Koba des oiseaux difficilement observables ailleurs en Sénégambie :
 la Tourterelle de l’Adamaoua (Streptopelia hypopyrrha),
 le Grébifoulque d’Afrique (Podica senegalensis).

Onoré à huppe blanche Circaète Jean-le-Blanc (© J.F. Magne) Tourterelle de l’Adamaoua

Nous avons également observé des espèces limités en Sénégambie à l’extrême nord-ouest du Sénégal où ils sont assez rares :
 l’Engoulevent du désert (Caprimulgus aegyptius)
 l’Outarde arabe (Ardeotis arabs).

Grébifoulque d’Afrique (© J.F. Magne) Outarde arabe (© J.F. Magne)

Parmi nos observations les plus spectaculaires nous pouvons citer :
 un Aigle martial (Polemaetus bellicosus) s’envolant subitement à quelques mètres de nous de sa cachette où il dévorait un Héron garde-boeufs fraîchement tué,
 sur l’Île de Kousmar, des arbres couverts de milliers de Elanions naucler (Chelictinia riocourii) tandis que des milliers de Faucons crécerellettes (Falco naumanni) venaient de partout pour les joindre au dortoir (lors du voyage de février 2014 il y avait peu d’Élanions naucler, migrateur intra-africain),

© J.F. Magne
Île de Kousmar (© J.F. Magne)

et
 les vastes regroupements d’oiseaux au Parc national d’Oiseaux du Djoudj qui héberge jusqu’à 3 millions de migrateurs pendant le mois de janvier, et en particulier les nuages de Dendrocygnes veufs (Dendrocygna viduata) en vol.

Nous souhaitons attirer une attention particulière sur le Technopôle, un site aux confins de la ville de Dakar constitué de plusieurs étangs alimentés par les pluies saisonnières. Jusqu’à la fin de la dernière longue période de pluviométrie déficitaire en 2005, ce site était presque entièrement sec ; il était alors programmé pour héberger un vaste projet d’aménagement comprenant aussi les services techniques de l’Etat, dont seules quelques implantations ont été réalisées. Cette zone humide péri-urbaine héberge des milliers d’oiseaux. Cependant son importance inestimable comme réserve naturelle n’a pas été officiellement reconnue ; il n’existe aucun plan pour sa protection. Le futur du Technopôle est donc un dossier critique à traiter par les autorités municipales et nationales avec l’appui de la communauté internationale.

Ce voyage, organisé avec soin et avec un soutien très important des communautés scientifiques et naturalistes locales, a permis aux participants d’avoir un aperçu inégalé de la faune du Sénégal et de la Gambie. Il est dommage que les événements dans des pays voisins aient vraisemblablement empêché le recrutement des huit participants initialement prévus, et aient donc réduit la portée du voyage et ses bénéfices pour les populations locales. Il est à espérer que le GIE NIOKOLO sera en mesure de s’appuyer sur cette expérience pour développer dans le futur une offre pérenne et viable de voyages ornithologiques au Sénégal et dans les pays voisins.

L’association de loi 1901 « COMETE International » soutient le GIE NIOKOLO dans le cadre d’un projet dont l’objectif est de contribuer au développement durable et solidaire du Parc du Niokolo-Koba, en associant les populations qui seront ainsi sensibilisées aux mesures de protection de l’environnement. Si vous souhaitez soutenir ce projet, vous pouvez vous référer au site web de « COMETE International » ou contacter cette association par courriel.

Voici une version PDF de ce compte-rendu :

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Notes

[1Le fichier est en lecture seulement, pour manipuler les tableaux les copier dans un nouveau fichier tableur.