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Forêt d’Abbecourt - 03 Octobre 2020

Sortie mycologique à Orgeval - 03 Octobre 2020

La matinée était ensoleillée mais fraîche (aux alentours de 11°C à 9H00), la sortie s’est pourtant révélée agréable, réunissant 15 personnes, néophytes et passionnés. Après 10 jours consécutifs de pluie, quelquefois limités à des averses mais finalement bien humides, on s’attendait à une récolte grandiose, dantesque, ça allait être Byzance ! D’autant qu’en forêt de Marly deux jours auparavant, on avait pu constater avec joie le tout début de la pousse automnale.
Et bien en forêt d’Abbécourt, il n’en était rien. Ce n’était donc pas Byzance, ce n’était pas non plus la Bérézina, n’exagérons pas. Disons qu’on se trouvait, mycologiquement parlant, entre Byzance (Istanbul) et la Bérézina (rivière de Biélorussie) et plus proche de cette dernière, ce qui correspond géographiquement à quelque part à l’est de Kiev en Ukraine...

Nous commençons par un exposé introductif d’Yves Gombert, mycologue en charge de cette sortie, et d’Etienne Varney, président de notre association. La géographie du lieu tout d’abord : à proximité des ruines de l’ancienne abbaye royale Notre-Dame d’Abbécourt, des fontaines couvertes et du lavoir d’Abbécourt, et ce, dans l’espace naturel départemental du Bois d’Abbécourt. Ils rappellent ensuite les quelques règles à connaitre quant à la comestibilité des champignons :

  • évidemment non, le fait qu’un champignon soit mangé par les limaces n’est EN AUCUN CAS signe de comestibilité pour les hommes. Le métabolisme de la limace n’est en rien comparable à celui de l’homme !
  • La couleur n’est pas non plus un signe de non-comestibilité. On entend quelque fois que le bleuissement d’un bolet serait signe qu’il n’est pas mangeable. Que nenni !
  • L’odeur, la taille, la tendreté, etc, rien de tout ça ne permet de dégager une règle générale de comestibilité...
  • La seule vraie règle qui vaille : Il faut connaitre les champignons, apprendre à les connaitre, dans les livres pourquoi pas mais avant tout sur le terrain car rien ne remplace le contact avec le champignon et la transmission par les spécialistes.
  • Et la seconde règle, sans doute la règle d’or du mycophage (mangeur de champignons) : En cas de doute, il faut absolument prendre conseil auprès d’un mycologue ou d’un pharmacien et ne pas hésiter à montrer sa cueillette. Un bon conseil ne coûte rien et sera toujours prodigué avec bienveillance.

Nous prenons ensuite la direction du bois. Là, face à l’étang, la première rencontre : Marasmius bulliardii. L’occasion de rappeler que le nom scientifique d’une espèce de champignon suit une règle bien établie (la nomenclature linnéenne) : d’abord le nom du genre (ici Marasmius), suivi d’un épithète (ici bulliardii). Le nom de genre est toujours écrit avec une majuscule, le tout en italique. Le latin est de mise, ce qui permet à des mycologues du monde entier de se comprendre.
Le nom usuel français d’un champignon est dit "vernaculaire". Il y a presque autant de noms vernaculaires pour un même champignon qu’il y a de villages en France ! On exagère un peu en écrivant ceci, mais la vérité n’est pas bien loin. On comprend alors l’apport phénoménal de Carl von Linné dans le nommage, la classification qui en découle, et donc la connaissance du vivant.
Evidemment, là ou il y a simplicité, on trouve toujours quelqu’un ou quelque chose pour apporter un peu de contrariété, volontairement ou non : un champignon peut ainsi avoir plusieurs noms binomiaux... Par méconnaissance généralement, plusieurs auteurs qui n’avaient pas la chance de connaitre internet et donc d’avoir un accès aisé aux travaux de leurs confrères, ont attribué des noms binomiaux différents à la même espèce, et on se retrouve alors avec plusieurs noms qu’on ’synonymise’...

Bref, nous nous enfonçons ensuite dans le bois et après une forte montée où on croise une amanite fauve (Amanita fulva) et une langue de bœuf (Fistulina hepatica), on arrive sur le plateaux planté de chênes, châtaigniers, hêtres et charmes. On y trouve de belles amanites citrines (Amanita citrina) à la teinte jaune pâle, et sur les branches mortes, de magnifiques crépidotes dont l’espece la plus courante en ces lieux est la crépidote variable (Crepidotus variabilis).

Après avoir longtemps exploré le plateau, finalement assez pauvre en champignons, nous redescendons direction le parking en coupant à travers bois. Dans la descente, sur une brindille morte de ronce, on trouve un joli bouquet de marasmes des rameaux (Marasmiellus ramealis) et quelques polypores : le ganoderme plat (Ganoderma applanatum), le polypore amadouvier (Fomes fomentarius) sur un tronc de bouleau mort et un polypore soufré (Laetiporus sulfureus).

Une fois de retour sur le chemin, on trouve quelques beaux champignons : le paxille enroulé (Paxillus involutus), autrefois classé comestible et maintenant toxique, une russule charbonnière (Russula cyanoxantha), et sur du bois mort, un joli champignon en éventail, multicolore dessus, jaune dessous : Stereum subtomentosum.

Une fois sur le parking, l’heure de se quitter venue, on trouve in-extremis dans le bas coté trois dernières espèces, comme une invitation à continuer la cueillette : un bouquet de psathyrelles coniques (Parasola conopilus), sur une souche des oreilles poilues (Auricularia mesenterica), et des tramètes rougissantes (Daedaleopsis confragosa).

Au final, 30 espèces ont été répertoriées ce jour, bien loin de la centaine de variétés qu’on aurait pu attendre à cette période.

Liste des espèces de champignons.

Cette sortie restera cependant dans l’histoire, et pas pour la variété de la cueillette, on en a déjà parlé. Nous avons en effet accueilli Charlie Dupiot, reporter à Radio France International, qui préparait une émission sur les empoisonnements.

L’émission diffusée le 13 octobre, est disponible en podcast à cette adresse, avec la partie concernant les champignons à partir de 10 minutes.

A noter : nous avons rencontré quelques galles du chêne durant cette sortie. On se référera à cet article pour plus d’informations.

(Photos Frédéric Della Giusta & Étienne Varney)

info portfolio

Sur le plateau Interview, par Charlie D. de RFI Marasmius bulliardii Amanita fulva Fistulina hepatica Amanita citrina Amanita citrina Clitocybe gibba Collybia dryophila Crepidotus variabilis Tubaria furfuracea Coprinus plicatilis Corpinus plicatilis, en troupe Coprinus lagopus Pied poilu de Coprinus lagopus Ganoderma applanatum Hypholome en touffe Mycena stylobates Marasmiellus ramealis Paxillus involutus Russula cyanoxantha Stereum subtomentosum Parasola conopilus Parasola conopilus Laetiporus sulphureus

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