Gare de Saint Nom la Bretèche - 02 octobre 2022

par Frédéric Della Giusta

Encore une belle sortie en forêt de Marly, en ce dimanche 02 octobre. Le temps devait être à la pluie mais toute l’eau du ciel était tombée durant la semaine et encore dans la nuit de samedi à dimanche. La température était clémente, l’air humide, la terre gorgée d’eau depuis plus d’une semaine, donc hormis la boue dans les chemins, tout était réuni pour une belle sortie mycologique. D’autant qu’on jouait "à domicile", sur nos terrains préférés, arpentés tant et tant de fois.
Beaucoup de nouvelles têtes pour cette première sortie de l’automne, quelques habitués aussi, pour au final un groupe de plus de 20 personnes, réunissant mycophages et mycologues, curieux et gourmands mélangés, dans une bonne humeur partagée !

Les abords du premier chemin que nous empruntons sont déjà l’occasion d’une belle cueillette, surtout de russules. Qu’est-ce-qu’une russule nous demandera-t-on ? Ahhh ! Il s’agit là d’un genre redoutable, regroupant environ 250 espèces en France, caractérisées par un pied à la chair cassante comme un bâton de craie, souvent blanc et parfois teinté de rose, et un chapeau dont les tons varient du blanc au presque noir en passant par le jaune, le rouge, le rose, le brun, le vert et des lames allant du blanc pur au jaune éclatant chez Russula Aurea. Ajoutons que toutes les russules sont mycorhyziques, c’est à dire qu’elles vivent en association avec un arbre, le mycélium du champignon se mêlant étroitement aux racines de l’arbre, pour un échange de sucre, d’eau et de sels minéraux. Il est d’ailleurs important de noter quelles espèces d’arbres jouxtent une russule, afin d’aider à l’identification de cette dernière.

Un peu plus loin sur le chemin, avant de passer sous le tunnel qui permet de franchir une ancienne voie ferroviaire aujourd’hui disparue, on tombe sur un important parterre de pézizes orangées (Aleuria aurantia), éblouissants morceaux d’étoiles tombées au sol, rayonnant encore de mille feux au milieu de l’émeraude tapis d’herbes humides. Cette merveille est comestible crue, mais le gout, discret, n’enflammera pas les foules au contraire de son éclat.

Coté comestibles de premier rang, on aura croisé de nombreuses amanites rougissantes ou golmottes (Amanita rubescens) dont on rappelle qu’elles doivent être bien cuites, car toxiques crues. Quelques meuniers (Clitopilus prunulus, blanc et son proche cousin Clitopilus cystidiatus, gris) à l’odeur entêtante de farine viendront agrémenter certains paniers. Une poule des bois (Grifola frondosa), gallinacée mycologique qui vaut largement le cèpe de Bordeaux selon moi, s’envolera tout droit dans un panier chanceux. Et c’est bien tant mieux d’ailleurs, car de cèpe de Bordeaux, pas l’ombre d’un, alors que des endroits propices auront été parcourus en long et en large, voire même de travers ! Mais il n’y a pas que les champignons dans la vie. Dans la forêt de Marly quand s’en vient l’automne et tombent les premières feuilles, on ramasse facilement plusieurs kilos de châtaignes pour moins cher que gratuit.

La sortie au finale, sans atteindre les records d’antan, a cependant permis de rajouter 106 espèces à notre inventaire. C’est somme toute très honorable au vu d’un début de saison mycologique qu’on peut qualifier de timide. Est-ce une conséquence de la sécheresse de cet été ? Qui saura dire...?

Voila donc encore une belle balade, mêlant cueillette, partage de connaissances, bonne humeur et tartines au beurre (!!!). Vivement la prochaine !

Photos Etienne Varney, Frédéric Della Giusta, Françoise Caclin